Biographie de Georges Pfeffermann
par Christian Boyer, 2013-2017


English summary.
Georges Pfeffermann was born German, in Frankfurt, in 1838. But from 1859 onwards, from age 21, he lived in France.
He was a bank employee in Paris. Married in 1888 to a Frenchwoman, he obtained French citizenship in 1891.
He authored numerous articles on magic squares published in France, mainly between 1890 and 1896, and invented the first bimagic squares (8x8 in 1890, 9x9 in 1891).
In 1907, he was named "Officier d'Académie" (Order of Academic Palms) by the French Minister Aristide Briand.
From 1909 until his death, he published a regular column titled "Divertissements" (meaning "Amusements") in Le Moniteur d'Issoire.
He died in Issoire, France, in 1914. It seems that he had no children. His "Nécrologie" (meaning "Obituary") was published in the same weekly newspaper.


Georges Pfeffermann est né allemand, à Francfort, le 1er juillet 1838. Mais depuis ses 21 ans, septembre 1859, il habite et habitera toujours en France.

C’est un simple employé de banque à Paris ; entre 1859 et 1866 chez Vernes & Cie, puis à partir de 1866 dans une autre maison de banque.

Il joue aux échecs, on trouve son nom dans Le Monde Illustré du 19 août 1865 : il figure parmi les personnes qui ont résolu un problème d’échecs qui avait été soumis par le journal. Il solutionnera un autre problème en décembre.

Lorsque la guerre de 1870 éclate, il obtient un permis de séjour pour rester à Paris. Mais inquiété à cause de son origine allemande, il quitte Paris et est embauché par Jacques Errera Oppenheim, banquier à Bruxelles, qui l’envoie à Lille fin 1870 pour s’occuper de l’émission de l’Emprunt du Département du Nord 1870, puis à Amiens pour l’émission de l’Emprunt Ville d’Amiens Mai 1871.

Il reprend son emploi à Paris dès juin 1871, puis à partir de 1878 est embauché par le banquier privé P. M. Oppenheim.

Sa signature sur son acte de mariage, en 1888

Il se marie à Paris en 1888 avec une Française nommée Gabrielle Lachambre, née le 9 juin 1843 à Florac, Lozère. Elle est la fille majeure d'un chevalier de la Légion d’Honneur et médaillé militaire. Mais en se mariant avec un étranger, elle perd automatiquement la nationalité française, c’était la loi à l’époque !

En 1890, ils demandent tous les deux la nationalité française, qu’ils obtiennent en 1891. Pour son dossier de naturalisation, il fournit une lettre de son employeur parisien P. M. Oppenheim, mais aussi une lettre d’André Catel-Beghin, ancien maire de Lille. Grâce à ce même dossier, on sait qu'il gagne alors 8000F/an, et qu'ils n'ont aucun enfant.

Essentiellement entre 1890 et 1896, il publie de nombreux articles sur les carrés magiques, dont le fameux premier carré bimagique 8x8 en 1890, puis le premier carré bimagique 9x9 en 1891.

En 1894, il apparaît sur la liste des premiers adhérents de la Société des Sciences Récréatives, avec son adresse 11 rue Taitbout Paris. Cette adresse est aussi là où il travaille, chez le banquier P. M. Oppenheim. Cette Société des Sciences Récréatives, qui sera hélas éphémère, a pour président Jules Arnous de Rivière, le célèbre joueur d’échecs. Parmi la liste d’environ 70 membres, on  note plusieurs célébrités ou mathématiciens : le prince Roland Bonaparte, Henri de Bornier (de l'Académie Française), C-A Laisant, Henri Brocard, les éditeurs Delagrave et Gauthier-Villard, Alexandre Falguière, Camille Jordan,… Et on note aussi les principaux spécialistes de carrés magiques de l'époque : Arnoux, Coccoz, Huber, Portier, Tarry, et donc notre Georges Pfeffermann.

Il a eu plusieurs adresses à Paris : donc 11 rue Taitbout vu plus haut, et 81 avenue de Clichy. Ainsi que 77 avenue de Clichy.

Le 6 avril 1907, Aristide Briand, alors ministre de l’Instruction Publique, des Beaux-Arts et des Cultes, le fait Officier d’Académie (Palmes Académiques) à l’occasion du congrès des sociétés savantes, sur proposition du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques. Cette nomination est annoncée dans le Journal Officiel du 7 avril 1907, où Pfeffermann est précisé "mathématicien à Saint-Alban (Lozère)". Le nom complet actuel de cette commune est Saint-Alban-sur-Limagnole. Après Paris, et avant Issoire, il a donc probablement habité en Lozère, le département d’origine de sa femme.

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    De janvier 1909 jusqu'à son décès, il s'occupe de la rubrique "Divertissements" dans l'hebdomadaire Le Moniteur d'Issoire, où il signe sous le nom de Pangloss.
    Voici un exemple de sa rubrique, où il publie une étoile bimagique d'Achille Rilly.

     

< Rubrique signée "Pangloss", alias G. Pfeffermann, dans Le Moniteur d'Issoire du 18 août 1909
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Le 24 mars 1914, quatre mois avant le début de la Première Guerre Mondiale, il décède à 76 ans chez lui, boulevard Triozon-Bayle à Issoire (Puy-de-Dôme), où il était alors domicilé avec sa femme. Une nécrologie est publiée dans Le Moniteur d'Issoire dès le lendemain (voir en dessous). Sa femme décède seulement un mois plus tard, le 9 mai 1914, à St-Alban. Leurs meubles sont vendus aux enchères publiques le 1er avril 1916 par Maître R. Tollin, notaire à Issoire.


Nécrologie, Le Moniteur d'Issoire, 25 mars 1914, p.2

(cliquer pour agrandir)

    M. Pfeffermann, un de nos collaborateurs, qui signait Pangloss et qui s'occupait de la question « Divertissements » dans notre Journal est mort subitement, hier matin, à l'âge de 77 ans.
    M. Pfeffermann qui s'était retiré dans notre ville depuis quelques années déjà, où il occupait ses loisirs à trouver des choses intéressantes et amusantes pour nos lecteurs, était un excellent homme qui sera vivement regretté de tous ceux qui le connaissaient.
    Né dans la ville libre de Francfort, il était venu en France après l'occupation de sa cité natale, par la Prusse et s'était fait naturaliser Français.
    Admirablement doué pour les questions financières et la comptabilité; il n'avait pas tardé à entrer dans de grandes maisons de finance et avait rendu des services lors du règlement de l'indemmité de guerre de cinq milliards.
    Aussi aimait-il à donner une assez belle place aux questions d'arithmétique et de calcul, dans ses divertissements hebdomadaires. Il avait même inventé des méthodes de calcul rapide qui lui avaient valu des éloges mérités,
    Nous adressons à sa veuve et à sa famille l'expression de nos condoléances les plus attristées. Elles perdent en lui, un homme de grand coeur et nous, un collaborateur toujours de bonne humeur malgré l'âge et toujours préoccupé de faire plaisir.

 

Notes et remerciements.

Jusqu'en 2013, on ne savait pas qui était ce mystérieux "G. Pfeffermann". Personne n'avait trouvé d'information sur lui, alors qu'il avait signé de nombreux articles entre 1890 et 1896. Même son prénom complet était inconnu, j'avais seulement trouvé quelques rares fois cette signature donnant une lettre de plus à son prénom : "Gg. Pfeffermann". On pensait donc probablement à Georges, mais cela aurait pu être Grégoire. Déjà en 1926, André Gérardin (Nancy) s'étonnait de ce problème dans les Annales de la Société Scientifique de Bruxelles : "C'est un mathématicien sur lequel nous avons très peu de renseignements bibliographiques, car peu de familles ont le souci de la mémoire scientifique de leurs parents ou de la garde de leurs archives".

Ce qui a pu déclencher cette biographie est ma découverte de sa naturalisation française, dont le dossier est conservé aux Archives Nationales de France.

Merci aux Archives Nationales de France, Pierrefitte, pour leur aide sympathique et efficace.
Merci aussi à Gildas Guillemot pour les informations sur
Le Monde Illustré de 1865, sur le Journal Officiel de 1907, et sur Le Moniteur d'Issoire de 1909 à 1916.
Merci à Hélène Lachaise, mairie d'Issoire, pour avoir trouvé l'acte de décès de Georges Pfeffermann.
Merci à Patrick-Charles Ducros, généalogiste, pour avoir trouvé l'acte de naissance de sa femme.
Merci à Catherine Rabbe, mairie de St-Alban sur Limagnole, pour avoir trouvé l'acte de décès de sa femme.
Merci aux Archives d'Issoire, qui a numérisé l'hebdomadaire Le Moniteur d'Issoire dans son intégralité, de 1874 à 1939, et dont le site
http://archives.issoire.fr/ est extrêmement efficace.

Pour cette biographie, il manque une photo de Pfeffermann, écrivez-moi. Mais ce sera probablement difficile, il semble ne pas avoir eu de descendant : le couple n'avait pas d'enfant en 1890, lui avait 52 ans, elle 47 ans.


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